La numérisation de brochures du CegeSoma, une opération en marche !

Pendant très longtemps, la collection de brochures du CegeSoma - qui procédait du Fonds INBEL (l’ancien office belge d’information de « Londres ») - a fait l’objet d’un classement spécifique sous la cote de rangement « Br B… » puis « BB… », suite à une réflexion générale de notre équipe scientifique  tandis que la Bibliothèque de notre institution effectuait ses premiers pas. Cela pouvait se comprendre. Même si ces brochures présentaient, sous forme très synthétique, plus d’une ressemblance avec des ouvrages « normaux », elles en différaient fondamentalement par leur objet : toutes procédaient directement de la propagande de guerre, toutes défendaient une cause (celle du pays en guerre dont elles émanaient) et toutes traduisaient un certain positionnement politique (même quand elles abordaient des thématiques socio-économiques ou culturelles). En outre, de façon parfois subliminale, beaucoup traduisaient par le contenu ou le graphisme un « momentum » dans le cheminement du conflit. Enfin, cet ensemble documentaire riche de quelques milliers de titres présentait, au-delà de leur contenu, un intérêt esthétique certain : tant du côté de l’Axe que des puissances alliées, les meilleurs graphistes se sont attachés à réaliser des pages de couverture tantôt séduisantes, tantôt percutantes, toujours susceptibles d’attirer le regard…et d’inciter le chaland potentiel à passer au texte.

 

 

 

 

 

 

Puis le temps a passé, et les brochures ont été versées dans la collection générale, une idée de classement chassant l’autre. Surtout, fréquemment utilisées, elles ont mal vieilli, le papier de guerre s’avérant de piètre qualité. C’est pourquoi afin de leur assurer une existence pérenne dans la mesure du possible, la direction du Centre a décidé voici trois ans de procéder à la numérisation des éléments les plus déterminants de cette collection, en commençant par les titres  concernant la Collaboration et l’extrême droite nationaliste (NL / Fr) durant l’entre-deux-guerres. Un important corpus documentaire représentatif de ces courants et de ces formations politiques a ainsi été sélectionné par Dirk Luyten et par Alain Colignon puis a été numérisé soigneusement afin d’être mis en consultation dans la salle de lecture de l’institution.

Mais l’opération est encore loin d’être terminée. Elle se poursuit désormais en abordant d’autres champs de recherche mais en s’attachant toujours au cadre belge et conservant le principe de la sélection raisonnée, tel qu’il a été pratiqué au départ. Sont à présent abordés les conditions de ravitaillement, la protection des populations civiles, la vie culturelle, l’hygiène, l’antisémitisme, l’hygiène, les prisonniers de guerre, etc, etc… Plusieurs centaines de nouvelles brochures, attentivement numérisées par les soins de Soumaya Bounekoub, seront elles aussi mises à disposition du public dès la fin de leur traitement (contrôle qualité et OCRisation sont au programme, afin de faciliter la recherche et offrir la possibilité au lecteur de rechercher n’importe quel mot dans le texte) ; dans un premier temps en salle de lecture, dans un second temps en ligne également.

 

 

 

 

 

 

Mais potentiellement le travail est loin d’être achevé puisqu’il pourrait parfaitement se poursuivre pour les autres pays occupés et non occupés du Vieux Continent, voire pour la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et le Japon, notre fonds documentaire étant fort bien pourvu à ce niveau.

Une remarque importante, pour terminer. Comme chacun sait selon la formule consacrée, « la plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a », et si le CegeSoma est fort bien pourvu en matière de productions collaborationnistes ou, plus généralement, pro-allemandes, il se voit plus chichement doté en brochures attachées faire œuvre de Résistance. Outre le fait que celle-ci n’avait, et pour cause,  pas pignon sur rue et qu’elle n’était pas subsidiée abondamment par l’occupant, elle s’est davantage attachée à l’édition de feuilles clandestines. Ce n’est que très ponctuellement qu’elle s’est vue relayée par les presses des nations alliées, surtout dans la seconde partie du conflit.