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L’Armée de l’ombre. De la clandestinité à la mémoire. / Het Schaduwleger. Van clandestiniteit naar herinnering.

Commémorer à l’heure de la crise sanitaire

En principe, l’année 2020 aurait dû être jalonnée d’événements commémoratifs liés au 75e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Bon nombre de ces activités ont malheureusement dû être annulées suite à la crise sanitaire. Mais certaines initiatives ont néanmoins pu être menées à bien. Il en est ainsi de la parution de l’ouvrage bilingue Het Schaduwleger / L’Armée de l’ombre qui porte sur les agents des services de renseignement et d’action. Il s’inscrit dans la continuité du livre-mémorial paru en 2015 à l’occasion du 70e anniversaire de la « Royale Union des Services de Renseignement et d’Action ». Pour rappel, y figuraient les noms des 18.716 agents de renseignement reconnus ainsi qu’un aperçu des 129 services et missions de renseignement et d’action. Parallèlement, les recherches sur ce groupe très fermé et très spécifique de la Résistance connaissaient un élan sans précédent. Certes, certains aspects de cette histoire restent à écrire mais il n’en demeure pas moins que notre connaissance de cette « maison de verre » du renseignement et de l’action s’est affinée ; une évolution qui doit beaucoup au travail acharné de quelques chercheurs mais aussi à divers fonds d’archives conservés au CegeSoma.

De la clandestinité à la mémoire

L’ouvrage 'Het Schaduwleger / L’Armée de l’ombre' contribue de toute évidence à notre connaissance d’un pan de la résistance belge. Plusieurs chercheurs et chercheuses directement ou indirectement liés au CegeSoma, aujourd’hui ou par le passé, ont contribué à cet ouvrage parmi lesquels Dirk Martin en tant que co-rédacteur, Marc Verschooris et Etienne Verhoeyen, deux chercheurs associés, Emmanuel Debruyne, Laurence van Ypersele et Chantal Kesteloot. Son originalité réside dans une articulation centrée à la fois sur les dimensions historiques et mémorielles. L’approche se veut humaine et institutionnelle. Plusieurs textes mettent ainsi en avant le vécu dramatique de certains agents mais aussi l’impact sur les familles et, en particulier, sur les enfants. Ce récit ne s’arrête pas avec la fin du conflit car vient alors l’heure de la délivrance alors même que se posent les délicates questions de la reconnaissance et du retour « à la normale ». Quel sera leur statut ? Comment surmonter les séquelles physiques et/ou psychiques et réussir sa réinsertion professionnelle ? Pour certains, c’est une certaine frustration qui l’emportera à force de ne plus se sentir utiles et de ne pas pouvoir partager l’expérience vécue, surtout dans ce milieu très fermé du renseignement. Dans ce contexte, la vie associative va se révéler essentielle comme le montrent plusieurs contributions. Se pose aussi toute la question – plus générale - de la place de la résistance dans la société d’après-guerre en Belgique mais aussi dans une perspective plus résolument internationale à travers, par exemple, les commémorations liées au réseau Comète. Pour d’autres, la capitulation de l’Allemagne ne constitue pas une fin en soi. Certains agents vont en effet s’engager sur d’autres terrains dans un contexte qui devient très rapidement celui de la Guerre froide.

Des archives précieuses et abondamment consultées

Plusieurs contributions de ce volume ont pu voir le jour grâce à divers fonds conservés au CegeSoma. C’est notamment le cas des très riches archives de la Sûreté de l’État déposées en 1993. On y trouve notamment plus de 46.000 dossiers d’hommes et de femmes liés de près ou de loin aux activités des réseaux de renseignements, d’évasion, de propagande ou d’action armée, orchestrées depuis Londres par la Sûreté de l’État ou la Deuxième Direction du ministère de la Défense nationale. Des dossiers généraux complètent ces dossiers individuels. D’autres fonds conservés au CegeSoma permettent également de mieux appréhender ce chapitre de l’histoire de la Résistance. Les fonds William Ugeux, Louise de Landsheere ou encore des réseaux Luc-Marc ont ainsi été utilisés par plusieurs auteurs. Mentionnons également des fonds plus spécifiques dont celui des 385 lettres de condamnés à mort réunies à l’initiative de Fabrice Maerten.

Au-delà de ces archives, notre Centre est aussi particulièrement riche dans le domaine des périodiques publiés après-guerre par les fraternelles et autres instances liées au monde du renseignement et de l’action, sans oublier les documents liés aux nombreuses manifestations commémoratives. Approches locale, nationale et internationale ; dimensions individuelles et structurations collectives, autant d’aspects auxquels se consacre cet ouvrage. A glisser sous le sapin de Noël…