Le sourire d’un GI et d’une charmante fille de Charleroi (photo A.Neufort)/CegeSoma/Archives de l’Etat

Il y a 75 ans - Attention jeunes filles : danger ! Quand les soldats alliés ne font pas que passer ...

Qui n’a jamais entendu parler de ces élégants GI’s, un peu tombeurs, grands fêtards, flambeurs et surtout très amicaux avec la population ? Au lendemain de la guerre, on assistera d’abord à un énorme élan de reconnaissance à leur encontre, mais cet élan sera quelque peu freiné parfois par les comportements d’une partie d’entre eux.
Comme les Etats-Unis veulent assurer leur position en Europe, quelques milliers de GI’s vont rester dans l’attente des nouvelles recrues et, au bout d’un certain temps, faute de discipline militaire un peu stricte dans leurs rangs, certains d’entre eux auront tendance à exaspérer la population par leur attitude désinvolte, infantile, …
Dans le Journal de Charleroi du 4 avril 1945, on peut lire un petit article signé Nemo, assez amusant et intitulé :‘Assimil et la débauche’. Il attire l’attention sur ‘les ravages de plus en plus profonds faits par les libérateurs dans les cœurs de la jeunesse féminine’ et estime que la résistance qui leur est opposée est ‘de moins en moins efficace’ … Il fait appel à un redressement de la situation et au respect ‘des traditions proverbiales de vertu qui ont toujours été le charme le plus apprécié de la femme belge’ !
Pour attaquer le mal à la racine, il propose quelques pistes assez radicales :
- ‘interdire aux jeunes filles l’apprentissage de l’anglais et de l’espagnol
- mettre hors d’état de nuire tous les professeurs d’anglais
- retirer de la circulation les volumes de vulgarisation ‘Assimil’ étant entendu que les créateurs de cette méthode doivent être considérés comme des criminels de guerre !’
Après la guerre, deux à trois mille femmes belges vont rejoindre des soldats américains aux Etats-Unis. Pour la majorité de ces épouses de guerre parties avec le rêve de l’American Way of Life, la réalité sera bien différentes de ce à quoi elles s’attendaient : elles ne seront pas toujours reçues comme espéré … Leur religion catholique est mal perçue par certains milieux fondamentalistes protestants, elles ont souvent sous-estimé le choc culturel, l’éloignement de la mère patrie et des familles, l’installation dans un environnement parfois complètement différent de celui dans lequel elles ont grandi sans oublier leur (médiocre) connaissance de la langue …. (pour ces dernières, la circulation plus intensive de l’Assimil aurait sans doute été utile …).

Isabelle Ponteville