Enterrement François Bovesse, 1.2.1944, photo n° 262763 (Fonds Clément Thonet), droits réservés.

Il y a 75 ans - Namur rendait hommage à François Bovesse

Quelques jours après le prononcé du verdict du procès des assassins de François Bovesse, Namur rend hommage à son ancien gouverneur assassiné le 1er février 1944. En ce dimanche 28 octobre 1945, la Fédération libérale de l’arrondissement de Namur a organisé une séance au cours de laquelle plusieurs personnalités libérales ont pris la parole. A cette occasion, un médaillon représentant François Bovesse – œuvre du statuaire Victor Demanet – a été inauguré à la Bourse de Commerce de la cité mosane.

Cette séance suit de quelques jours le procès des assassins du tribun namurois. En fait, ils ne sont que deux dans le box des accusés à comparaître devant le Conseil de Guerre. Cinq hommes étaient pourtant inculpés : deux sont décédés à l’heure où se tient le procès, un troisième est en fuite. Sans surprise, le verdict de la condamnation à mort est prononcé pour les trois inculpés. Les deux hommes présents seront effectivement passés par les armes le 1er juin 1946. Quant au troisième homme, le chef du département « Sécurité et Information » de Rex, on perd sa trace. Jamais arrêté, il a été déchu de sa nationalité belge en juin 1947.

Mais qui était François Bovesse ?

François Bovesse était et reste une personnalité extrêmement populaire à Namur. Né le 10 juin 1890, ce juriste de formation s’était fait connaître dès avant la Première Guerre mondiale par son engagement wallon et sa défense du patrimoine culturel de la cité mosane. Il est d’ailleurs à l’origine des Fêtes de Wallonie. Militant libéral, il est élu député en 1921. Durant les années trente, il exerce différentes responsabilités ministérielles avant de devenir gouverneur de la province de Namur en avril 1937. En mai 1940, comme tant d’autres, il quitte la Belgique et est nommé Haut-Commissaire du gouvernement belge en France. Quelques mois plus tard, en novembre, après son retour en Belgique, il est démis de ses fonctions de gouverneur dans le cadre de l’ordonnance allemande pour abandon de poste. Sa popularité reste intacte. Certains de ses engagements, réels ou supposés – franc-maçon, agent du 2e Bureau français – lui valent d’être pris à partie par les rexistes. Le caricaturiste Jam en a d’ailleurs fait l’une de ses cibles favorites dans Le Pays réel. A plusieurs reprises, il est arrêté comme otage – il est notamment requis comme «otage roulant» sur les trains de l’occupant pendant vingt-huit nuits – et est même condamné à six mois de prison.

Une violence accrue

En ce début 1944, depuis plusieurs mois, la Wallonie connaît un climat de terreur et de contre-terreur. Les attentats se sont multipliés même si Namur apparaît bien paisible en regard de Charleroi, Mons ou encore Liège.
Le 30 janvier 1944, les époux Gignot sont assassinés à Namur. Edgard Gignot était le chef de Rex-Namur. Ce double meurtre va être le prétexte de l’assassinat de Bovesse deux jours plus tard même si les circonstances exactes sont plus complexes. Lors des funérailles des époux Gignot, Victor Matthijs, le chef de Rex a.i., souligne cependant: « Nos camarades sont vengés. Des inconnus, sûrs et durs, ont fait prompte et bonne justice ». Ces mots sont bien entendu une allusion à l’assassinat de François Bovesse.
Ce jour-là, le 1er février 1944, un commando de cinq hommes chargés de l’exécution, a quitté la caserne Léopold à 6 h du matin. L’idée, c’est de forcer Bovesse à monter à bord de leur véhicule – un mode opératoire déjà utilisé contre le député libéral liégeois Désiré Horrent quelques mois plus tôt – et de l’abattre ensuite. Mais Bovesse refuse d’obtempérer. Des coups de feu sont tirés à son domicile. Lorsqu’ils prennent la fuite, les tueurs ne sont même pas assurés de sa mort. Bovesse succombe à ses blessures quelques minutes après leur départ… A Namur, c’est le choc, la consternation.
La vantardise, des propos imprudents, la certitude d’être intouchables… Autant d’éléments qui permettront, après la Libération, de remonter jusqu’à deux des coupables. Un procès très suivi dans la Cité mosane où l’assassinat de Bovesse a profondément marqué les esprits…

Chantal Kesteloot

En savoir plus ?

Francis Balace, « 1er février 1944, mort de François Bovesse : un assassinat test ? » in Jours de Guerre/Jours mêlés, Bruxelles, Crédit communal, 1997, pp. 113-140.
https://www.belgiumwwii.be/.../1944-02-01-l-assassinat-de...

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