Malgré l’épidémie, la Bibliothèque du CegeSoma persiste et signe !

Cette année 2020 qui s’avère un peu particulière…et parfaitement calamiteuse tant sur le plan sanitaire qu’économique a assisté quand même à des accroissements substantiels de notre bibliothèque, mais sans doute davantage en qualité qu’en quantité, austérité budgétaire oblige.

Au niveau des apports récents dans la bibliographie courante (septembre-novembre 2020), il convient d’attirer tout particulièrement l’attention sur une réactualisation importante de l’ouvrage de Luc Huyse et de Steven Dhondt, Onverwerkt verleden, 1942-1952. Consacré à la répression des collaborations, il avait été édité chez Kritak en 1991, et, trente ans après. la présente réédition, toujours sous les auspices de « Kritak » et sous le même intitulé, a bénéficié cette fois d’un apport substantiel de collaborateurs qui ont été, ou qui sont, proches de notre institution : Koen Aerts, Bruno De Wever, Pieter Lagrou.  On retrouve d’ailleurs ce même Pieter Lagrou dans une autre production non moins importante, portant sa signature et consacrée cette fois au bilan statistique du dernier conflit mondial avec : Les guerres, les morts et le deuil. Bilan chiffré de la Seconde Guerre mondiale (éditée à Paris chez Rohrbasser). On aura ainsi l’occasion d’avoir une bonne synthèse sur la question…et de voir si la statistique est une science exacte !.

Dans le champ d’études sur la Résistance, épinglons trois réalisations récentes pleines de promesses, l’une relative à nos voisins d’outre-Quiévrain avec Yagil Limore, Les « Anonymes » de la Résistance en France 1940-1942 : Motivations et engagements de la première heure (Paris, Lharmattan, 2019), l’autre ayant un profil plus international et concernant plus spécifiquement l’insurrection armée, avec Thierry Grosbois, Résistance contre le nazisme. Maquisards et partisans sur le front occidental et soviétique (Bruxelles, Editions universitaires européennes, 2020). Et la troisième, enfin, un peu romantiquement intitulée Het Schaduwleger/L’Armée de l’ombre- et sous-titrée plus explicitement :Van clandestiniteit naar herinnering/De la clandestinité à la mémoire et présentée en cette fin d’année sous forme d’un ouvrage collectif (avec la participation d’Emmanuel Debruyne, Dirk Martin, Laurence Van Ypersele, Robin Libert,…) aux éditions Gompel&Scavina. Trois recherches importantes à retenir, et que « tout honnête homme s’efforcera d’intégrer dans sa bibliothèque », du moins quand il est intéressé par l’époque ’39-’45.

Les spécialistes ès questions identitaires et plus spécialement attachés à l’étude du problème nationalitaire en Belgique dans son interface flamande,  pourront, s’ils maîtrisent la langue de Goethe, se référer à la grosse étude de Jakob Müller, Die importierte Nation. Deutschland aund die Entstehung des flämischen Nationalismus 1914 bis 1945 (Göttingen, 2020) : le titre est suffisamment explicite par lui-même et comme toutes les études germaniques sur ces problématiques, il s’agit d’un travail sérieux, lourd d’érudition. Quant aux amateurs de sémiologie sociale, ils  apprécieront sans nul doute la recherche d’un « ancien » du CegeSoma, quand il était encore CREHSGM : il s’agit du Sieg Heil ! Van mythische groet tot verderfelijke ideologie, de Gie Van Den Berghe, et il s’agit aussi d’une  réflexion à l’aune du XXIème siècle sur les usages de la « Lingua Tertii Imperii » dans le champ sociétal. Une approche nouvelle et complémentaire des travaux de Victor Klemperer, en quelque sorte !

Enfin, les commémorations et le souvenir de la « Grande Guerre » s’éloignant dans le temps, notre bibliothèque, fidèle à sa mission, a cru bon d’introduire dans ses collections Writing the Great War. The Historiography of World War I from 1918 to the Present (Ed. By Christoph Cornelissen & Arndt Weinrich), paru chez Berghahn en 2020, et ce afin d’avoir une vision d’ensemble sur cette thématique dans le monde anglo-saxon.

On pourrait en rester là, vu l’espace strictement mesuré qui nous est imparti, mais il nous plaît, pour conclure, d’attirer  l’attention des personnes qui nous ferons l’honneur de nous lire sur le beau tour de force littéraire réalisé en Italie par Antonio Scurati en 2018. Il a rencontré au-delà des Alpes un immense succès populaire et a bénéficié de plusieurs traductions à l’étranger. Il s’agit d’un gros livre de « réalité fictionnelle »  de près de 850 pages retraçant, sous le titre de « M, Il Figlio Del Secolo », la montée au pouvoir de Benito Mussolini, de 1919 à 1922. Comme ce succès éditorial ne se dément pas, et qu’il reflète sans nul doute un certain « air du temps », le CegeSoma a cru bon de l’acquérir « à titre exceptionnel » pour le mettre à la disposition de son public, comme en d’autres temps mais pour d’autres raisons il avait procédé à l’introduction dans ses collections d’un autre roman, Les Bienveillantes, de Jonathan Littel.

Par leur succès, l’un et l’autre, en effet, sont les reflets de notre époque, avec ses fascinations pour un certain passé, avec ses angoisses face à un certain avenir…