La Guerre Froide dans la bibliothèque du CegeSoma

La Guerre Froide dans la bibliothèque du CegeSoma  … Sous ce titre, nous vous invitons à découvrir le troisième thème de notre série ‘les rendez-vous du bibliothécaire’. Chaque thème repris sera l’occasion de vous plonger dans nos collections et sera illustré par une vidéo et un texte complétant les informations s’y trouvant.

Visionnez la troisième vidéo ‘Les rendez-vous du bibliothécaire : 3. La Guerre Froide dans la bibliothèque du CegeSoma’.

Par sa nature et par sa « Mission statement », une institution comme le CegeSoma, vouée dès le départ à étudier la Seconde Guerre mondiale « dans ses conséquences immédiates » a été fatalement amenée, en traitant de la « Question royale », à aborder le phénomène  « Guerre froide ». Et l’extension progressive de son champ d’investigation chronologique à partir de 1996-1997 l’a de plus en plus orienté vers cette problématique.

Mais, au fond, qu’est-ce que la « Guerre froide » ? Entre cent définitions plus ou moins heureuses concoctées par les politologues, on pourrait la définir comme une phase de fortes tensions géopolitiques opposant les Etats-Unis et leurs alliés à l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques, des lendemains de la Seconde Guerre mondiale (1945-1947) à la disparition des régimes communistes dans l’Europe de l’Est (1989-1991). Encore ce cadre temporel est-il considéré par d’aucuns comme passablement étriqué, et certains voudraient le voir étendu à l’époque qui a suivi  la « Révolution d’octobre » 1917, c’est-à-dire à l’ensemble de l’entre-deux-guerres…et même un peu davantage.

Le champ conceptuel recouvert par cette thématique est donc vaste, d’autant plus que notre « Guerre froide » s’est avérée multidimensionnelle, activée par les différences politico-idéologiques et économiques mais aussi culturelles dressant l’une contre l’autre deux vastes entités, le « bloc de l’Est » communiste (avec ses annexes asiatiques et autres) et les « démocraties libérales occidentales » (et leurs affidés plus ou moins exotiques). Toujours est-il que cette bipolarisation s’est traduite, pendant près de deux générations, par une course aux armements et par une kyrielle de conflits périphériques, pour ne pas évoquer les phases d’agitation interne spécifiques aux deux ensembles géopolitiques, les moment d’apaisement (la « coexistence pacifique »), les tentatives d’expérimentation politique originales et plus ou moins heureuses ( « eurocommunisme », « troisième voie », « non-alignement », « socialisme à visage humain », etc., etc…)…

La bibliothèque du Centre s’est donc attelée à réunir le plus vaste corpus livresque possible sur la question, et elle y est parvenue dans une certaine mesure, étant entendu que  sa quête en la matière tiendra toujours un peu de la ligne d’horizon : plus elle croira s’approcher de sa conclusion « définitive » ( y a-t-il quelque chose de définitif dans la recherche historique ?), plus celle-ci s’éloignera vu  la parution régulière de nouveaux titres s’attachant de près ou de loin à cette thématique.

Une moisson abondante !

Au bout du compte, sur près de 85.000 titres engrangés dans l’ensemble de nos collections livresques, toutes subdivisions confondues, environ  7.000 d’entre eux peuvent être rattachés de près ou de loin au concept « Guerre froide », pour peu que l’on tienne compte des conflits liés à la décolonisation et aux « guerres périphériques » qui lui sont ordinairement rattachés (Indochine, Viet-Nam, Angola, etc…). Le profane trouvera sans nul doute son inspiration en s’initiant d’abord à quelques ouvrages de synthèse classiques, comme ceux d’Yvan VANDEN BERGHE, De Koude Oorlog 1917-1991 (Leuven, Acco, 2002), d’Odd Arne WESTAD, The Cold War : A World History (Allen Lane, 2017) ou de Georges-Henri SOUTOU, La Guerre froide 1943-1990 (Paris, Fayard, 2011).
Peut s’avérer également intéressante pour lui, à ce niveau, le Dictionnaire de la Guerre froide patronné par Claude QUETEL chez Larousse (Paris, 2008).
Pour passer aux choses plus substantielles, est-il besoin de rappeler que notre collecte s’est voulue éclectique, autant que faire se pouvait.

Les chercheurs entendant se limiter au cadre belge disposeront en première approche de l’excellent Oost West, West Best : België onder de Koude Oorlog, 1947-1989 de Mark VAN DEN WIJNGAERT et Lieve BEULLENS (Tielt, Lannoo, 1997) ainsi que de La Belgique entre dans la Guerre froide et l’Europe (1947-1953) de Jules GERARD-LIBOIS et Rosine LEWIN (Bruxelles, Pol-His, 1992), sans oublier pour autant la recherche conduite sous les auspices d’ Emmanuel GERARD, Widukind DE RIDDER et Françoise MULLER, Qui a tué Julien Lahaut ? Les ombres de la Guerre froide en Belgique (Bruxelles/Waterloo, CegeSoma/La Renaissance du Livre, 2015) qui est à la fois une production « maison » et qui a bénéficié d’une traduction bilingue ( sous l’intitulé : Wie heeft Lahaut vermoord ? De geheime Koude Oorlog in België, CegeSoma/Davidsfonds, 2015)…et qui transcende très largement le seul assassinat du député P.C.B. Julien Lahaut pour embrasser l’ensemble du petit monde de l’anticommunisme en Belgique vers 1949-1950…

Est-il besoin de préciser que, dans  notre collecte bibliographique, nous avons tenu compte de la vision des choses de TOUTES les sensibilités politiques, de la gauche la moins… modérée (Hans DEPRAETERE-Jenny DIERICKX, De Koude Oorlog in België, Berchem, Epo, 1985) à la droite libérale la plus affirmée…dans le cadre de l’ O.T.A.N. (Robert CLOSE, L’Europe sans défense ? 48 heures qui pourraient changer la face du monde, Bruxelles, Arts et Voyages, 1976), sans oublier le point de vue des chrétiens (de droite ou de gauche), des anarcho-pacifistes ou de la nouvelle extrême droite du style « Jeune Europe-années ‘60 »… ? Et est-il également besoin de rappeler que la lecture de ces multiples ouvrages tant dans les deux langues nationales qu’en anglais ou en allemand (pour mentionner les apports les plus importants) peut être utilement complétée par nos opulentes collections d’archives sur la question (Fonds Legrève, Fonds Van Lierde, etc, etc…) ?

Les chercheurs désireux d’en savoir plus pourront toujours consulter sur internet l’inventaire informatisé de notre bibliothèque, à partir du moteur de recherches « Pallas ». 

Alain Colignon, bibliothécaire