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Walloon Federalism or Belgian Nationalism ?

The Walloon Movement at the End of the First World War.

Walloon Federalism or Belgian Nationalism ? The Walloon Movement at the End of the First World War.

Une histoire longtemps ignorée

On a beaucoup écrit sur l’histoire du mouvement flamand et sur l’importance capitale de la Première Guerre mondiale dans son évolution. L’histoire de son alter ego wallon durant la même période est nettement moins connue. Certes, il s’agit d’un acteur de moindre importance mais il n’en demeure pas moins intéressant de voir si le vent de radicalisme qui a soufflé sur le mouvement wallon en 1912 a eu un écho durable.

Pendant longtemps, on s’est satisfait de l’idée d’un mouvement wallon tombé en léthargie de juillet 1914 au printemps 1919. Rien ou presque ne se serait passé entre ces deux dates. Des recherches récentes ont contribué à nuancer ce constat. Non seulement le mouvement wallon tant en Belgique occupée qu’à Paris n’a été ni inactif ni silencieux mais l’occupant allemand s’y est, lui aussi, intéressé. Mais quel impact cela a-t-il eu au sortir de la guerre à l’heure où semble triompher le nationalisme belge. Là aussi, les recherches ont surtout porté sur le nationalisme flamand, sur l’émergence de cet autre nationalisme, concurrent du premier, porteur d’une identité en nécessaire opposition avec la patrie belge. Bref, un mouvement flamand profondément transformé par la Première Guerre mondiale….

Un mouvement wallon en pleine effervescence

A y regarder de plus, le mouvement wallon apparaît lui aussi profondément marqué par la Première Guerre mondiale. On est loin des hésitations qui le caractérisaient avant le conflit dès lors qu’il s’agissait de donner forme à des projets de réforme de l’Etat. Si l’Assemblée wallonne n’a jamais véritablement débattu de la question du fédéralisme et de ses formes avant 1914, il en va tout autrement au sortir du conflit. Durant la guerre, plusieurs projets ont été préparés ; généralement dans la clandestinité. L’année 1919 va dès lors être marquée par de très vifs débats ; pas moins de huit projets allant du fédéralisme à deux ou à trois au régionalisme ont en effet été proposés aux délégués de l’Assemblée. Au final, c’est la voie de la modération qui finit par l’emporter ; le fédéralisme passant provisoirement à la trappe.

De l’intérêt de ces débats

A plus de cent ans de distance et à l’heure où la Belgique est officiellement devenue un état fédéral, ces débats sont intéressants à plus d’un titre et permettent de mieux comprendre la Belgique d’aujourd’hui. Ils témoignent d’un vent de radicalisation au sein du mouvement wallon et ce bien avant le fameux « Congrès national wallon » d’octobre 1945. Ils révèlent combien la guerre a été propice à la réflexion. Ils démontrent déjà la difficulté de choisir entre un fédéralisme à deux ou à trois. A travers ces débats, c’est aussi toute la question de la légitimité qui est posée. A l’heure où le mouvement flamand se voit coller l’étiquette d’«activiste », le mouvement wallon souhaite à tout prix montrer que son attitude a été irréprochable durant le conflit. Si les projets fédéralistes finissent par être balayés, c’est qu’ils  pourraient rappeler la séparation administrative mise en place par l’occupant allemand. Or, le mouvement wallon cherche avant tout à convaincre de son attitude patriotique irréprochable. Les identités fonctionnent en miroir : à la compromission de l’un, il faut pouvoir opposer le bon choix de l’autre. Dès lors, et toujours dans cette optique, aucune mansuétude possible à l’égard d’une quelconque forme d’activisme wallon.  Le mouvement souhaite gagner en légitimité. L’entrée de Jules Destrée au gouvernement est un aspect de cette stratégie, le renoncement au fédéralisme fin 1919 en est une autre… S’y ajoute la question de la loyauté à l’égard de la Belgique. Les débats de 1919 révèlent combien une partie des militants wallons souhaitent déjà la fin de la Belgique unitaire. Mais la guerre et son impact sont des facteurs de poids qui s’inscrivent dans la longue durée… tant en Belgique qu’à l’étranger, tant pour le mouvement flamand que son homologue wallon.