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Compte rendu du workshop : “La guerre de Corée et la Belgique”

CegeSoma, 19 septembre 2025

Le 19 septembre 2025, le CegeSoma a organisé un workshop à l'occasion du 75e anniversaire du déclenchement de la guerre de Corée. Bien que cette guerre ait souvent été qualifiée de « guerre oubliée », le conflit a eu des conséquences durables sur la géopolitique de la Guerre froide – et sur la Belgique, qui a fourni à la fois des troupes et des efforts diplomatiques pendant les hostilités. Le workshop visait à explorer les sources archivistiques et les approches historiographiques récentes portant sur les dimensions belges de la guerre de Corée.

La réunion s'est tenue dans la salle de conférence du CegeSoma et a rassemblé des historiens et des chercheurs issus de différentes institutions académiques belges, notamment l'École royale militaire (ERM), les Archives de l'État, la KU Leuven, la Vrije Universiteit Brussel (VUB) et le War Heritage Institute (WHI).

Les participants, parmi lesquels figurait également un vétéran belge de la guerre de Corée, ont été accueillis pour un après-midi riche en présentations historiques approfondies et en échanges. La conférence d'ouverture a donné un aperçu historiographique du traitement de la guerre de Corée dans le monde académique belge. Michael Auwers a souligné l'intérêt limité, mais croissant, que suscite ce sujet en mettant en avant plusieurs ouvrages de référence ayant contribué à structurer ce domaine de recherche, ainsi que des pistes possibles pour les études à venir. Widukind De Ridder est revenu sur l'été crucial de 1950, au cours duquel le gouvernement belge a décidé de participer au conflit en Corée. Il a analysé le contexte socio-économique et politique de la société belge dans les années qui ont précédé la guerre et examiné les réactions des milieux communistes et anticommunistes belges durant cet été.

Les interventions suivantes ont transporté le public de la Belgique vers l'Asie orientale. Jan Van der Fraenen a donné un aperçu détaillé des activités du bataillon belge (et luxembourgeois) en Corée, en s’attardant sur les opérations militaires, le moral des troupes et la portée symbolique de l'engagement belge. La dernière présentation avant la pause-café a abordé un chapitre largement méconnu de la guerre : l'enlèvement des carmélites belges. Adrien Carbonnet a mis en évidence la réaction diplomatique belge et le rôle de la représentation belge à Tokyo.

La deuxième partie du workshop a débuté par une contribution de Jan Naert, qui a présenté des sources archivistiques majeures permettant d’adopter une approche socio-historique de l'implication belge dans la guerre de Corée. Il a mis l'accent sur les archives de la justice militaire et les dossiers du personnel, soulignant leur potentiel pour des recherches plus approfondies. Nina Nijs a ensuite présenté les premiers résultats issus de ces investigations, en abordant la question des crimes commis par des soldats belges et leurs répercussions sur la population coréenne locale. Son analyse a apporté un éclairage original et nuancé sur la discipline militaire ainsi que sur les dynamiques interculturelles au cours du conflit.

Johan Massart s’est ensuite penché sur la manière dont la presse belge a relaté la mort des soldats belges en Corée, en questionnant le rôle des médias dans la construction de l’opinion publique. La dernière intervention a été assurée par Kevin Gony et Ben Schraverus, qui ont proposé une réflexion sur la manière dont la guerre de Corée a été – et sera – représentée au Musée royal de l’Armée. Leur présentation a mis en lumière les choix muséographiques et l'évolution de l'histoire publique dans le contexte muséal.

La journée s’est clôturée par une réception conviviale, offrant aux participants l’occasion d’échanger leurs points de vue et d’envisager d’éventuelles collaborations à venir.

Le workshop a permis une exploration approfondie et variée du rôle de la Belgique dans la guerre de Corée, en mettant en lumière tant la recherche archivistique que des récits encore peu connus. Les perspectives militaires et civiles ont été abordées, notamment celles des médias, de la diplomatie, des personnalités religieuses et de la population coréenne locale. À travers cette initiative, le CegeSoma espère avoir contribué à renouveler l'intérêt académique et public pour un conflit qui, à ce jour, reste largement méconnu dans la mémoire collective belge.